Ruben Gado
« J’aurais peur de m’ennuyer en ne faisant qu’un seul sport ! »
C’est une salle superbe pour s’entraîner, on a tout le matériel et les équipements nécessaires. Tous les clubs n’ont pas cette chance.
Dans les starting-blocks pour les JO 2020, Ruben Gado vit pourtant son sport -le décathlon- au jour le jour. Spécialiste des épreuves combinées, le Réunionnais de 26 ans a trouvé une deuxième famille au Clermont Athlétisme Auvergne.
Quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivez à Clermont-Ferrand ?
Je suis né et j’ai passé toute mon adolescence à La Réunion. Je suis venu à Clermont-Ferrand pour le sport, en septembre 2011. Je ne connaissais pas du tout la France. Enfin, la Métropole. Au début, j’hésitais avec Montpellier, car c’est la ville du décathlon, mais l’un de mes meilleurs amis faisait de la perche ici, à Clermont. Et puis il y avait la salle… Aujourd’hui elles poussent comme des champignons, mais à l’époque il n’en existait pas beaucoup en France. Moi je viens d’un endroit où il fait toujours chaud, j’avais peur que mon corps ne s’habitue pas à la température. Ici, je peux m’entraîner en intérieur, au stadium Jean-Pellez, et j’ai l’université, la nature et les volcans à côté.
C’est donc le stadium qui vous a convaincu…
C’est une salle superbe pour s’entraîner, notamment l’hiver. J’habite à quinze minutes à pied. Cinq minutes en voiture. Elle est accessible tout le temps. On a aussi tout le matériel à portée de main. Trois sautoirs, mille perches… Ce n’est pas tous les clubs qui ont cette chance.
On a aussi de très bons entraîneurs au combiné ici. D’ailleurs, je voudrais en profiter pour remercier mon coach. Il me suit depuis 8 ans. C’est quelqu’un de très exigent mais, c’est ce qu’il faut pour la réussite. Il donne beaucoup pour le sport et à côté, il a son entreprise. Je ne sais pas comment il fait !
Vous êtes licencié au Clermont Athlétisme Auvergne, quel regard portez-vous sur ce club ?
Le gros avantage, c’est que c’est un club très familial. La plupart des athlètes ont grandi ici, ont été formés ici. Il fait partie des sept meilleurs clubs élite de France, mais sans pour autant faire de recrutement. C’est un peu le cocon qui fait éclore de beaux papillons, si je peux me permettre la métaphore.
Vous avez découvert l’athlétisme comment ?
Ma mère et mon frère faisaient de l’athlétisme. Moi ce n’était pas vraiment ce que je voulais faire. J’étais plus habile au football. Et puis un jour, j’ai voulu battre mon frère qui était vraiment doué. Ça a commencé comme ça…
Vous pensiez atteindre un tel niveau ?
Je m’étais toujours dit qu’il faudrait que je le fasse jusqu’à ce que j’aie exploité tout mon potentiel. Jusqu’au maximum. C’est comme ça dans tout ce que je fais d’ailleurs. Mon but, à chaque fois, c’est de me surpasser. Aujourd’hui, j’ai un statut à assumer (rires), mais je ne l’avais pas vraiment prévu comme ça.
C’est quoi les titres dont vous êtes le plus fier ?
Je dirais celui de Champion de France Junior en salle, en 2012. Et celui de Champion de France Élite en 2018. C’est vraiment les deux titres qui me tiennent à cœur.
Qu’est-ce qui vous plaît dans les épreuves combinées ?
La variété, justement. J’aurais peur de m’ennuyer en ne faisant qu’un seul sport ! Sauter, courir, lancer, c’est des sensations complètement différentes. Il n’y a pas de monotonie. La perche, c’est vraiment l’une de mes épreuves fortes. Il y a aussi la course et les sauts. J’ai un tempérament à vouloir progresser partout sans me figer. Naturellement je crois que tous les « combinards » ont ce tempérament-là.
Vous faites quoi à côté du sport ?
Des études, déjà. J’ai un DUT de maintenance et là je suis en 3e année de STAPS. Mais l’investissement que cela me demande, avec le sport à côté, ça devient compliqué… Sinon, j’ai plusieurs passions que je n’arrive pas toujours à développer. Je dessine, je fais de l’art culinaire, je lis et j’écris… Je passe aussi beaucoup de temps à penser à la façon dont je pourrais m’améliorer dans le sport. On ne s’en rend pas toujours compte, mais les sportifs ont besoin de réfléchir à leur pratique.
Vos objectifs sportifs de l’année ?
Ce week-end (les 29 et 30 février ndlr), je vais essayer d’aller chercher le titre de Champion de France Élite en salle. Basile Rolnin sera présent, ça devrait envoyer du lourd ! Il y a également les Championnats d’Europe à Paris, fin août. Après, si je vais plus loin, ce serait de faire les JO.
Les JO, c’est vraiment le Graal ?
Je vous dirais quand je l’aurais fait (rires). Ça doit être quelque chose de fou ! Aujourd’hui, je ne le vois qu’à travers les yeux des autres…
Et les JO 2024, vous les avez déjà dans la tête ?
Non, pas vraiment. Je pense que je serais au summum de ma carrière. Mais pour l’instant, je suis trop fixé sur ce qu’il se passe maintenant.