Philippe Lefebvre :
La révolution du tourisme
Les 4èmes Rencontres du Tourisme métropolitain étaient animées par Philippe Lefebvre, journaliste à France Inter. Le spécialiste du tourisme nous apporte un message d’espoir. « Le monde du tourisme va vivre une véritable révolution […] : on va vivre dans les années qui viennent une superbe période pour le tourisme, une période en tout cas très enrichissante, avec plein de défis. »
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Philippe Lefebvre, le tourisme connaît-il une révolution ?
On avait dit que le tourisme était moribond après la COVID et en fait, il ne s’est jamais aussi bien porté et c’est un message d’espoir. Le monde du tourisme va vivre une véritable révolution ! Révolution dans la façon de l’utiliser. Révolution dans la façon de consommer. Révolution dans la façon de le fabriquer.
Alors on ne sera peut-être plus dans les mêmes logiques. On sera peut-être moins dans des logiques d’économie pure, mais on sera plus dans des logiques de durabilité, d’expériences. Et je pense qu’on va vivre dans les années qui viennent une superbe période pour le tourisme, une période en tout cas très enrichissante, avec plein de défis.
Quel est l’avenir du tourisme ?
Je crois que le tourisme du troisième millénaire sera durable ou ne sera pas. Aujourd’hui, on ne peut plus consommer le tourisme comme avant. D’ailleurs, on ne parle plus de consommation de produits touristiques. Il y a même des phrases qui ont changé. Vous savez… Les gens, avant, disaient : “j’ai fait” ; “j’ai fait l’Auvergne” ; “j’ai fait le Maroc” ; “j’ai fait la Tunisie”… Non ! Aujourd’hui, on va vivre une expérience. Alors ça peut être une toute petite expérience. Ça peut être juste prendre un petit bus en montagne jusqu’à des grandes aventures. Mais on est vraiment, et je crois que le tourisme durable passera par-là, par un tourisme d’expérience et moins un tourisme sensationnel où on accroche des destinations aux murs comme d’autres accrochent des magnets sur leur frigidaire.
Clermont est-elle une destination d’expériences ?
Oui ! On vie déjà de très belles expériences ici. Je pense notamment au site de la bataille de Gergovie. On est vraiment en immersion. On a presque l’impression de la vivre comme si on y était. Et franchement, sur Clermont, mais plus largement sur le Puy-de-Dôme, il y a des multitudes d’aventures à vivre et je pense que ça va être ça, le devenir de cette région. Ça va être une région de tourisme d’expériences, comme je le disais tout à l’heure, et un tourisme d’aventure.
Quel est le lien avec le tourisme responsable ?
Le tourisme d’expériences, d’aventures, ne peut pas être autre chose que du tourisme durable et responsable. Parce qu’on est au contact des gens. On n’est pas uniquement des spectateurs, on est des acteurs.
Quand on va dans une exploitation agricole, voir comment on fabrique du fromage, comment on cultive tel ou tel produit, tel ou tel végétal. Je pense notamment aux régions ici, avec la grande coopérative qui est un peu le poumon agricole du département. On ne peut pas faire autrement que de faire du durable, on ne fera jamais ici de tourisme de masse. C’est stupide de le penser. Aujourd’hui, il faut penser à des mini, des dizaines, des centaines de petits marchés de niche. Et ça ne peut être que durable. Il y a ce que les écologistes envisagent quand ils parlent de durabilité… Moi, je parle plutôt de durabilité dans les rapports humains. Et ce qui est important dans la durabilité, c’est qu’on va voir des gens, des gens à qui on parle, des gens avec qui on échange et on va s’enrichir. Je crois que c’est la base du tourisme, c’est de s’enrichir du contact avec les autres.