Hilary Honorine
« Passer de l’Auvergne à Paris, ça a été un peu compliqué »
J’adore cet endroit ! J’ai passé 4 ans au Pôle France, à Ceyrat, j’ai fait mes études à Clermont-Ferrand et j’ai vraiment accroché avec le territoire, avec la ville. J’y suis d’ailleurs installée.
Championne de France, vice-championne d’Europe, troisième aux Championnats d’Europe des moins de 23 ans et aux Jeux Méditerranéens 2018… Hilary Honorine, 22 ans, est une petite pépite de la lutte issue des plus grandes fabriques à champions françaises. Aujourd’hui à l’INSEP à Paris, elle est notamment passée par le Pôle France, à l’Arténium de Ceyrat. Elle y préparait d’ailleurs ses prochaines compétitions il y a quelques semaines encore. Avec les JO 2020 dans le viseur…
Comment vivez-vous le fait d’être une femme dans un sport qu’on qualifie plutôt de masculin ?
Je n’ai vraiment pas d’a priori avec ça. Je suis heureuse de pratiquer ce sport et de montrer qu’une femme peut faire exactement les mêmes choses que les hommes. C’est une fierté d’ailleurs. Je n’ai pas de tabou là-dessus. Quand je lutte contre des garçons à l’entraînement, j’ai envie de tout donner. Je ne leur fait aucun cadeau. En France, il n’y a pas beaucoup de femmes lutteuses, mais aux États-Unis ou en Russie, c’est le sport numéro un.
De quelle façon vous avez découvert ce sport ?
C’était au collège, en cours de sport. J’ai vraiment aimé. Des entraîneurs ont vu que j’avais des compétences. Le soir même, ils m’ont invitée sur un entraînement en club. Deux ans plus tard, j’étais au Pôle Espoir à Font-Romeu, puis j’ai passé 4 ans au Pôle France à Ceyrat et je suis à l’INSEP à Paris depuis deux ans maintenant.
Pourquoi ce sport est fait pour vous ?
J’ai essayé pas mal de choses. Le karaté, le judo, la danse… Mais la lutte c’est vraiment un sport de contact, un sport complet, et c’est sans doute ça qui m’a plu dès le début. C’est une discipline qui demande beaucoup de rigueur, de force, de souplesse, d’intelligence, d’endurance. C’est dommage qu’elle ne soit pas assez connue en France.
Comment vous expliquez, justement, ce déficit d’image ?
C’est difficile à dire. Peut-être que le judo, qui est un sport assez proche de la lutte, prend déjà beaucoup de place. Il est très médiatisé en tout cas.
Vous êtes à l’INSEP à Paris, licenciée à Cluses, et pourtant, vous revenez régulièrement vous entraîner ici, à l’Arténium, à Ceyrat…
J’adore cet endroit ! J’ai passé 4 ans au Pôle France, ici, j’ai fait mes études à Sidoine, et j’ai vraiment accroché avec le territoire, avec la ville. J’y suis d’ailleurs installée. J’ai un appartement et je reviens régulièrement. À l’Arténium, il y a tout ce qu’il faut pour pratiquer la lutte dans d’excellentes conditions : une salle de musculation, une salle de lutte, un hammam pour récupérer… Passer de l’Auvergne à Paris, ça a été un peu compliqué. Ici, je souffle un peu. Je reviens là où je me sens le mieux. C’est une superbe région pour le sport. Pour s’entraîner. Il y a tout ce qu’il faut et on peut faire de grandes choses.
Quel est votre état d’esprit à quelques jours des championnats de France ?
J’ai passé une année 2019 un peu compliquée. J’ai eu beaucoup de blessures. Une opération. Donc j’espère que 2020 sera remplie de réussite. Une seule sportive sortira de ces championnats de France avec un ticket pour les tournois qualificatifs qui donnent accès aux JO 2020. J’espère fortement…
Et 2024, en France, c’est un objectif ?
J’y pense beaucoup ! Si tout va bien, j’espère que j’irai jusqu’en 2024. C’est en tout cas mon objectif. Après, j’ai aussi d’autres projets de vie. Acheter une maison, avoir des enfants. Une famille… Revenir m’installer ici.