Rencontre avec Yolande Sciortino, amatrice de vin et gestionnaire du Domaine de Lachaux
Après avoir été fonctionnaire d'Etat pendant plus de vingt ans, Yolande Sciortino a rejoint son mari au Domaine de Lachaux. Thierry Sciortino est un des derniers vignerons à pratiquer la récolte manuelle des vendanges et produit un vin labellisé AOC Côte d’Auvergne. Ensemble, ils partagent leur passion commune pour leur métier et proposent régulièrement des dégustations. Leur domaine est labellisé Vignobles et Découvertes.
Dans cette interview, Yolande Sciortino dévoile son parcours, l'histoire du domaine et ses coups de cœur gastronomiques.
Yolande Sciortino
Quelle formation avez-vous suivie ?
J'ai obtenu un BAC général et suivi mes études pendant une année en FAC de droit.
Quel est votre parcours professionnel ?
J'ai travaillé 23 ans en tant que fonctionnaire d’État à VetagroSup et AgroParisTech, en tant qu'assistante administrative et financière, ainsi qu'en ressources humaines.
Qu’est-ce qui vous a amené à travailler la vigne ?
Je m'occupe principalement de l'administration et du commerce du Domaine de Lachaux, tandis que mon mari est le vigneron chargé de la récolte. Il y a une vingtaine de tâches à accomplir avant la récolte et la vente, comme l'ébourgeonnage et le palissage.
Depuis combien de temps le vignoble a t il été créé ?
Le vignoble a été créé par mon mari Thierry Sciortino il y a 25 ans et je l'ai rejoint il y a 11 ans. Nous avons commencé par acheter notre maison sur le domaine et avons ensuite développé de nouvelles infrastructures, comme un bâtiment pour le pressoir et le lavoir.
Sur quelle superficie s'étend votre vignoble ?
Notre vignoble s'étend sur un peu plus de 6 hectares.
Quelle est la spécificité de votre vignoble ?
Nous pratiquons encore la récolte manuelle des vendanges. Nous sommes parmi les derniers à effectuer cette méthode, car nous valorisons l’aspect convivial de ce processus.
Comment l'obtention du label AOC Côtes d’Auvergne a-t-elle impacté votre activité et votre production ?
Le label AOC a permis de redorer le blason des Côtes d’Auvergne, incitant ainsi les locaux à redécouvrir le vin de la région. Nous travaillons par passion, et obtenir une AOC est valorisant pour toute la filière, pas seulement pour un vigneron en particulier. Pour obtenir des labels comme l'AOC ou Vignobles & Découvertes, il faut s'engager dans une démarche d’œnotourisme.
Recevoir des prix, comme la médaille d’or du concours départemental AOC Côtes d’Auvergne pour notre pinot noir, et être mentionné dans le guide Hachette des vins est très gratifiant. Cependant, nous cherchons toujours à nous améliorer et à nous réinventer.
Exportez-vous vos vins à l’étranger ?
Non, nous n'exportons pas à l'étranger. Nous vendons uniquement en direct aux particuliers, des restaurants et des épiceries fines.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui souhaite découvrir les vins d'Auvergne ?
Ne pas avoir d'à priori. Les touristes sont curieux et ouverts à la découverte, mais les locaux sont parfois réticents à explorer les vins de la région.
Pensez-vous que les produits du terroir Auvergnat contribuent au tourisme du territoire ?
Oui, absolument. En tant qu'auvergnate, je promeus bien sûr le vin, mais aussi d'autres produits régionaux comme le fromage, le miel, les escargots et les confiseries. Les produits culinaires jouent un rôle essentiel dans l'attractivité de l'Auvergne.
Quel serait votre menu idéal pour découvrir les produits locaux ?
Je m'éloignerais des clichés comme la truffade et la potée. L’Auvergne offre une grande richesse gastronomique. Mon menu inclurait du vin d’Auvergne, du fromage de chèvre avec du miel, du Saint-Nectaire, de la fourme d’Ambert, des lentilles de Champeix, de l’ail de Billom, du saumon de Brioude, des confiseries, des pâtes de fruits, des confitures, ainsi que du lait et des glaces locales.
Quelles sont les spécialités les plus emblématiques de la cuisine Auvergnate ?
Les spécialités emblématiques incluent la truffade, la potée, les tripoux, les pâtes de fruits et les confitures.
Lors des visites guidées, quelles sont les questions les plus posées par les visiteurs ?
Les visiteurs posent souvent des questions sur notre processus de fabrication et notre histoire, ainsi que sur les vignes, les cépages et les dégustations. Ils s'intéressent aussi aux termes techniques comme les anthocyanes (pigment végétal hydrosoluble allant du rouge au bleu). Il est important de leur apprendre à distinguer les différents arômes des vins, qu'ils soient floraux ou poivrés.
Pour conclure, pourriez-vous me dire quels sont vos projets futurs ?
Nous prévoyons de développer une nouvelle plantation pour atteindre 7,5 hectares d’ici quatre ans. Il est également essentiel de permettre aux jeunes, et en particulier aux jeunes femmes, de découvrir et de promouvoir les vins d’Auvergne afin qu'ils deviennent nos ambassadeurs.